à propos



    Mes sources puisent principalement dans la nature : c'est une conception un peu abstraite de la nature dans laquelle je me plonge pour exprimer une similitude entre le monde animal et le végétal à l'aide de représentations imaginaires.
   Mon observation m'entraine souvent dans l'étude des murs fissurés, des traces de pluie ou de poussière, dans  toutes les manifestions de la vie quotidienne. Je dessine des feuilles, des pétales, des épluchures de légumes qui apportent une similitude avec la chair animale. Je me tiens aux confins de la figuration, tendant vers l'abstraction, mais sans jamais abandonner la référence au réel.
    Entre le réel et l'imaginaire je cherche l'équilibre : contraste entre le beau et laid, le normal et l'anormal, l'humain et l'animal, l'homogène et le différent. Je privilégie l'énergie, le souffle le qi, matériau unique et primordial à partir duquel prennent forme les choses et les êtres. Il ne s'agit pas de théoriser sur la différence entre les frontières, mais de les faire vivre, de les faire cohabiter.
   Quand je peins des corps humains, leur représentation peut se faire par des fragments de corps ou même des formes mi-humaines ou animales. Les paysages et les natures mortes sont caractérisés par une destruction de l'image précise, un flou qui les restitue sous la forme de traces ou de nuances picturales. Je joue entre deux-eaux, entre mon espace vierge et mon espace imaginaire où j'affirme la fluidité de mon propos.
   S'il y a figuration, c'est hors des impératifs de ressemblance. S'il y a émotion, c'est le fait des déformations et de l'utilisation  des couleurs selon une cohérence qui m'est propre. C'est dans cette émotion que je cherche à rejoindre  l'œil du "regardeur". Je mets en évidence la relation  du vivant à l'inerte qui illustre,  pour moi, la stabilité et la permanence de ma présence dans le monde.
   En ce qui concerne la réalisation de ma "recette", il faut  doser les éléments, le pigment et l'argile,  les mélanger avec l'huile de lin ou la colle de peau. Je dépose une toile ou un papier collé sur une planche par terre pour y imprégner la matière. Les pigments et l'argile glissent en laissant des traces fluides avec le temps. Ces traces fluides ressemblent à de la matière organique et à des organismes microscopiques. La transformation de ces matières me donnent la possibilité de recomposer ou de décomposer à mon gré mes essais créatifs.